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Cotisations & taxes

·8 mins·
Freelance Cotisations Taxes Retraite CFE
Freelancing - Cet article fait partie d'une série.
Partie 8: Cet article

Le régime micro-social simplifié
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En micro-entreprise, le système est volontairement simple : on paie un pourcentage fixe du chiffre d’affaires (CA), directement à l’URSSAF.

Pas de chiffre d’affaires, donc pas de cotisations à payer.
Mais cela ne génère aucun droit nouveau (retraite, indemnités, etc.).
On reste toutefois affilié et couvert pour les soins courants grâce à la Sécurité sociale des indépendants (SSI).

L’URSSAF calcule tout automatiquement au moment de la déclaration (mensuelle ou trimestrielle).
Les taux varient selon la nature de l’activité :

Activité2024 (2ᵉ semestre)2025
Prestations de services (BNC)23,1 % (ou 25,3 % avec VFL)24,6 % (ou 26,8 % avec VFL)
Professions libérales23,2 %—
Prestations commerciales (BIC)21,2 %—
Achat / revente12,3 %—

Ces taux évoluent régulièrement. Il faut toujours vérifier la source officielle URSSAF avant de calculer ses prévisions.

Il est possible d’ajouter à ses cotisations sociales le versement libératoire (VFL) de l’impôt sur le revenu.
L’URSSAF collecte alors en même temps l’impôt et les cotisations.
Le taux augmente légèrement (+2,2 %), mais cela simplifie la gestion.


Ce que couvrent les cotisations
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Les montants versés à l’URSSAF regroupent plusieurs contributions :
chacune finance un pan spécifique de la protection sociale du travailleur indépendant.

  • Assurance maladie et maternitĂ© / paternitĂ©
    → En cas de maladie :
    Cela permet d’être remboursé des soins courants comme un salarié : rattachement à la CPAM, remboursements avec la Carte Vitale, taux identiques à ceux du régime général.
    → En cas de naissance :
    La mère peut percevoir un forfait de repos maternel (environ 3 900 € en 2025) et des indemnités journalières pendant le congé.
    Le père (ou second parent) peut aussi bénéficier d’un congé indemnisé d’environ 25 jours, à hauteur de 63 € par jour, sous conditions de revenu.

  • IndemnitĂ©s journalières (arrĂŞt de travail)
    → Versées à partir du 4ᵉ jour d’arrêt (3 jours de carence), après un an d’activité et un revenu minimum.
    Le montant dépend du revenu moyen, avec un plafond d’environ 60 € par jour.

  • Retraite de base
    → Identique à celle du régime général.
    On valide un trimestre à partir d’environ 1 690 € de revenu net, soit 10 000 € de chiffre d’affaires par an pour 4 trimestres.

  • Retraite complĂ©mentaire
    → S’ajoute à la retraite de base et dépend du revenu déclaré.
    Pour les professions libérales non réglementées (SSI), elle est intégrée au calcul global.
    Elle permet d’augmenter le montant total de la pension perçue à la retraite.

  • InvaliditĂ© / dĂ©cès
    → Permet une rente ou un capital versé en cas d’invalidité ou de décès.
    Le montant reste modeste : la pension d’invalidité atteint environ 30 à 50 % du revenu moyen.
    Elle vise surtout à assurer un minimum de ressources à soi-même ou à sa famille en cas d’accident grave ou d’incapacité durable à travailler.

  • Allocations familiales
    → Financement commun pour tous les travailleurs indépendants, mais sans droits directs.
    Elle sert à financer les aides gérées par la CAF (allocations, aides au logement…).

  • CSG / CRDS
    → Contributions destinées au financement de la Sécurité sociale.
    Elles représentent environ 9 % à 10 % du total de tes cotisations sociales.

  • Contribution Ă  la formation professionnelle (CFP)
    → Cotisation minime (0,2 % du chiffre d’affaires) qui finance ton droit à la formation continue.
    Pour les professions libérales, le dispositif est géré par le FIF-PL.
    Il permet de se faire rembourser une ou plusieurs formations professionnelles (souvent jusqu’à 750 € par an) si elles sont validées par le fonds.

En résumé, ces cotisations financent l’équivalent des droits de base : soins, retraite, maternité, et formation.
Elles restent proportionnelles au chiffre d’affaires, donc plus faibles quand l’activité démarre, mais aussi moins protectrices en cas de coup dur.


Ce pour quoi on ne cotise pas
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Certaines protections sont exclues du régime micro-social.
Elles ne sont donc pas couvertes automatiquement, et doivent être prises en charge à titre personnel si on souhaite une meilleure sécurité.

  • Pas d’assurance chĂ´mage
    → En cas d’arrêt d’activité ou de perte de mission, aucune allocation n’est versée par France Travail.
    On ne peut prétendre à rien, même après plusieurs années d’activité.
    Il existe toutefois des solutions privées, mais elles sont rares et coûteuses (souvent 80 à 150 € / mois).

  • Pas de mutuelle santĂ© obligatoire
    → Contrairement aux salariés, aucune mutuelle n’est imposée ni cofinancée.
    Il faut souscrire soi-même une complémentaire (environ 30 à 60 € / mois selon les garanties).

  • Pas de prĂ©voyance complĂ©mentaire
    → La protection en cas d’accident ou d’arrêt longue durée est limitée.
    Sans contrat personnel, un arrêt de travail prolongé peut vite devenir problématique.
    Une prévoyance individuelle coûte souvent de 150 à 300 € / an pour un socle minimum.

  • Pas d’assurance invaliditĂ© ou incapacitĂ© longue durĂ©e (au-delĂ  du minimum)
    → Le régime de base prévoit bien une indemnisation minimale, mais elle reste très faible.
    En cas d’invalidité, la pension ne dépasse souvent pas la moitié du revenu moyen.

  • Pas de congĂ©s payĂ©s
    → Aucun mécanisme d’indemnisation n’existe : chaque jour non travaillé = revenu nul.
    Il faut donc anticiper ses absences et les compenser via sa trésorerie.

En résumé : la micro-entreprise assure une protection de base, mais laisse à ta charge tout ce qui relève du confort ou de la sécurité financière.


Aide à la création (ACRE)
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Lors de la première année d’activité, on peut demander l’ACRE, une aide qui réduit temporairement les cotisations sociales (-50 %).
Cette réduction s’applique dans une période de 9 à 12 mois selon la date de démarrage.
La demande se fait au moment de la création sur le site de l’URSSAF.


La retraite (SSI)
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Pour les activités libérales non réglementées, comme les métiers du conseil, de la data ou du développement, la retraite dépend désormais de la Sécurité sociale des indépendants (SSI) — et non plus de la CIPAV.

Les cotisations sont toujours collectées par l’URSSAF, qui gère à la fois la retraite de base, la complémentaire et la cotisation invalidité-décès.

Les droits sont calculés automatiquement à partir du chiffre d’affaires déclaré, après application de l’abattement forfaitaire de 34 %.

On valide ses trimestres de retraite uniquement à partir d’un certain revenu annuel.
En 2025, il faut environ 10 000 € de chiffre d’affaires pour valider 4 trimestres.
En dessous, on en valide partiellement (1, 2 ou 3 selon le revenu).
Même si on cotise, un chiffre d’affaires trop faible ne permet donc pas toujours d’acquérir des droits complets.

La CFE (Cotisation Foncière des Entreprises)
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La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) est une taxe locale due par toutes les entreprises, y compris les micro-entrepreneurs.
Elle dépend à la fois de la commune d’activité et du chiffre d’affaires réalisé.

Exonération et déclaration initiale
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  • Première annĂ©e (jusqu’au 31 dĂ©cembre) : exonĂ©ration totale. Attention donc Ă  la date de dĂ©but d’activitĂ©, qui dĂ©termine la durĂ©e effective de l’exonĂ©ration.
  • Deuxième annĂ©e : rĂ©duction de 50 %.
  • Ensuite, montant variable selon la base locale.
À noter : même si l’on est exonéré, il faut bien penser à remplir une déclaration initiale de CFE l’année de création, à adresser au Service des Impôts des Entreprises (SIE).

Barème des bases minimales 2024
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Voici le barème des bases d’imposition minimales de la CFE pour 2024 (revenus de l’année N-2) :

Chiffre d’affaires (N-2)Base minimale 2024
≤ 10 000 €Entre 243 € et 579 €
10 001 € – 32 600 €Entre 243 € et 1 158 €
32 601 € – 100 000 €Entre 243 € et 2 433 €
100 001 € – 250 000 €Entre 243 € et 4 056 €
250 001 € – 500 000 €Entre 243 € et 5 739 €
> 500 000 €Entre 243 € et 7 533 €

Chaque commune choisit le montant exact dans la fourchette proposé et fixe le taux appliqué à cette base.
Il n’existe pas de liste récapitulative des bases par commune, c’est le service des impôts qui le connaît.

Pour illustrer, on estime celle de Montpellier :

  • Taux : 36,58 % en 2025.
  • Base : inconnu donc fourchette d’estimation
  • CA : 50k€, donc 3e tranche
  • ExonĂ©ration : 0% (taux plein)

On aurait donc :

$$ \text{CFE}_{\min} = 243 \times 0,3658 = 88,89€ $$

$$ \text{CFE}_{\text{med}} = 1 338 \times 0,3658 = 489,44€ $$

$$ \text{CFE}_{\max} = 2 433 \times 0,3658 = 889,99€ $$

Le taux peut évoluer d’une année sur l’autre : il faut le vérifier auprès des impôts ou de la préfecture.

En résumé
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Les cotisations sociales assurent la base de la protection (santé, retraite, invalidité, formation).
Pour tout le reste — chômage, mutuelle, prévoyance — il faut compléter soi-même.


Sources
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Thibault Clément - Intechnia
Auteur
Thibault Clément - Intechnia
Data scientist
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Partie 8: Cet article